Le moulin de la planche

Le moulin de la planche

Un moulin existe depuis au moins 1357 au lieu-dit la Planche et les archives notent des transactions le concernant le 23 juin 1629, en 1786 et de nouveau le 23 septembre 1904 quand il s’agissait d’y construire un pont pour remplacer sans doute la passerelle en bois qui succédait au simple passage à gué en dehors des hautes eaux.

Aujourd’hui le moulin a retrouvé sa splendeur d’antan grâce aux efforts de M. et Mme Jacques Deschamps, propriétaires depuis 1978 quand ils ont acheté la propriété à M. Lecointre du château d’Anché. Le cadre naturel étant d’une grande beauté ainsi que l’orientation : une façade est, l’extrémité face au Clain, une façade ouest. On comprend leur coup de foudre pour ce qui est devenu un lieu d’habitation idéal à cause de leurs liens familiaux dans le sud Vienne.

Le moulin de la Planche a longtemps appartenu aux moines de l’abbaye de Nouaillé-Maupertuis et en 1629 le seigneur de Montpipeau (dans l’Orléanais ?) consentit à le louer à une Mme Baron à condition que cette dernière acceptât : « de payer annuellement et à perpétuité au dit Seigneur de Montpipeau la rente de Noble féodale et foncière de cinq sols deux deniers, quatre chapons, une douzaine d’anguilles dû à cause et pour raison du moulin de la Planche en la paroisse d’Anché ».

Aujourd’hui on peut deviner sur une pierre gravée à l’entrée de la propriété : « Ici on moud à cinq sous ». La propriété est composée de deux bâtiments principaux, la résidence du meunier qui existe depuis au moins 1822 et le moulin proprement dit. Ce dernier a certainement été réalisé en deux temps: un premier bâtiment posé sur la roche et une deuxième partie abritant une scierie et rajoutée ultérieurement en ligne droite vers la rivière mais surplombant le bief et recouvrant ainsi la roue du moulin qui se trouvait auparavant à l’extérieur. Le dernier meunier s’appelait M. Durand et il a arrêté son activité après la guerre de 1939-1945.

Le moulin est alimenté en eau grâce au bief qui quitte le cours du Clain a plusieurs centaines de mètres en amont créant ainsi un ilot végétalisé entre la route et le Renfermé du Chêne qui fait également partie de la propriété. Le dénivellement entre le début du bief et le passage sous la roue est de l’ordre d’1m, les berges du bief côté gauche en direction de l’aval étaient retenues par des pieux en bois de vergne dont on devine encore les restes séculaires. Une brèche permet de vider le trop plein dans la courbe du Clain par le moyen d’un déversoir et le volume d’eau est de nouveau contrôlé par le vannage, ce dernier ouvrage étant composé de deux bajoyers latéraux, d’un portique à système de manœuvre crémaillère, de quatre vannes et d’une passerelle. Plus loin une vanne lançoire devant la roue complète le dispositif avant qu’un passage busé ne permette à l’eau de passer sous le talus de millepertuis qui longe le nouveau pont avant de rejoindre le Clain en aval.

Le lieu est poétique, on y entend surtout le chant de la rivière ; les murs restaurés en pierre blanche qui longent les berges donnent à l’ensemble verdoyant au milieu de l’eau un air de marais poitevin.

(Nous remercions M. et Mme Deschamps d’avoir reçu le BM et d’avoir généreusement fourni les éléments historiques et techniques ci-dessus).

[PG]