L’église
Un témoignage ancien de christianisation
Le nom d’Anché vient d’un nom d’homme latin, Ansius ou Antius, avec le suffixe -iacum, indiquant une propriété de l’époque gallo-romaine ou du haut Moyen Age. Anché (Anciacus) est cité pour la première fois dans les textes en 969. L’église est dédiée à saint Martin, ce qui correspond en général à une paroisse très ancienne. Le curé sera jusqu’au 18e siècle nommé par le prieur de Château-Larcher, qui relevait de l’abbaye Saint-Cyprien de Poitiers.
En février 2000 on a trouvé au fanum (lieu consacré) des Caultières deux sarcophages contenant chacun un cercueil en plomb avec squelette. L’un de ces cercueils (celui d’une femme) portait un chrisme gravé dans le plomb. Ce signe chrétien ☧ (X et P , les deux premières lettres grecques entrelacées du mot Christ) est un des plus anciens témoignages (4e siècle environ) de christianisation en Poitou, et est particulièrement précoce en un territoire rural.
Une église romane
L’église d’Anché nous est décrite en 1860 : une église de la fin du 12e siècle, de 25 m de long sur 5 de large. La nef était terminée par un chevet carré. Porte et choeur sont romans, murs latéraux et chapelle seigneuriale de la nef sont du 15e siècle. La corniche est supportée par des modillons ornés de têtes grimaçantes et de crochets. Le clocher carré, de construction moderne est situé au-dessus du choeur.
Une reconstruction partielle
Dans les années 1860 – 1870 a lieu une importante reconstruction, financée, comme il est ordinaire alors, par des souscriptions – mais la commune est « pauvre et peu étendue » -, une imposition communale et des secours de l’Etat. On a utilisé les vieux murs de la nef pour de nouvelles voûtes en plein cintre, l’appareillage de pierres étant figuré par des traits peints en rouge. La chapelle nord du 15e siècle, dont les nervures entrent directement dans la maçonnerie sans l’intermédiaire chapiteaux, a été gardée. Le clocher, qui porte la date de 1836, et fait suite à la nef, a été conservé. Le transept et le choeur néoroman – avec travée droite et abside en hémicycle – datent de cette reconstruction qui s’achève dans les années 1880. Une tribune de bois est à l’ouest.
Autels
Le tabernacle ancien a été relégué dans la sacristie. Il est en médiocre état car il a perdu son soubassement et son dais d’exposition. D’époque Louis XV, il est doté de 6 colonnes droites, d’ordre ionique, qui soutiennent un entablement cintré au-dessus de la porte. Celle-ci est ornée d’un triangle équilatéral (symbole de la Trinité) entouré de rayons. Sur les côtés sont deux bustes d’évêques. Les ailes sont décorées de trophées d’objets liturgiques, calice et ciboire à gauche, croix et ostensoir à droite. Ce tabernacle a été inscrit à l’inventaire des monuments historiques (I.S.M.H.) le 16.12.1966.
On notera, au-dessus de la porte de la sacristie, un écusson en pierre à 3 fleurs de lis. L’autel et le retable de la chapelle seigneuriale peuvent être de la première moitié du 19e siècle. Sur le devant sont les lettres MA (Maria). La porte du tabernacle est ornée d’un chrisme. Lors de la reconstruction, un nouveau maître-autel a été installé dans l’abside néoromane, dont la partie basse est revêtue de boiseries. On voit à droite une niche-lavabo ancienne. Sur le devant de l’autel figure seulement une croix grecque aux bouts tréflés. Sur la porte du tabernacle sont représentés deux oiseaux sur un calice : l’un boit dans le calice, l’autre tend le bec vers une grappe de raisin. C’est un symbole eucharistique. Le choeur a alors été pourvu d’un dallage de mosaïque, au centre duquel sont les lettres JHS, abréviation du mot Jhesus. Ce dallage est signé à gauche C. MEUNIER CURE 1895, à droite E. VENAULT DE BOURLEUF MAIRE. Après la concile de Vatican II (1962-1965) un autel en bois a été placé à l’entrée du choeur pour permettre les célébrations face au peuple, reprise de la pratique du premier millénaire.
Vitraux
Les vitraux du choeur sont dédiés au saint titulaire de l’église, Martin.
Celui de la baie axiale (Martin évêque) est signé E. Stelzl, Nancy, 1861. A droite Martin, encore soldat, partage son manteau à la porte d’Amiens, à gauche, alors à la tête de la première communauté monastique à Ligugé, ressuscite un catéchumène. Ces deux vitraux sont signés G.P. Dagrant, Bordeaux. Dans la nef, des vitraux non historiés sont du même verrier.
Des pierres tombales anciennes
Avant même d’entrer dans l’église on aura vu, à gauche, contre le mur de la chapelle latérale une dalle tumulaire, au-dessus d’une pierre d’autel avec sa cavité pour les reliques.
Dans la chapelle on a placé contre le mur de droite une stèle funéraire provenant du cimetière, qui était primitivement auprès de l’église. Elle date du 12e siècle, mesure 1,89 m, un prêtre y est représenté : vêtements sacerdotaux, mains levées comme un orant, pouce et index joints, les deux doigts qui tiennent l’hostie (I.S.M.H. 16. 12. 1966).
Les deux sarcophages trouvés en 2000 sont dans cette chapelle.
Dans le pavement sont deux pierres tombales, l’une de César Chasteigner, écuyer, sieur du Rouvre et du Plessis d’Anché, décédé le 2 mai 1617, classée monument historique (M.H.) le 02. 05. 1956. L’autre de Radegonde Pélisson, femme de Joseph Chasteigner, chevalier, sieur du Plessis de Rouvre, décédée le 1er janvier 1703 à l’âge de 42 ans « regrettée de tout le monde à cause de sa grande vertu» (M.H. 27. 03. 1928).
Plaques des morts des deux guerres mondiales
Au mur nord de la nef se trouve la plaque des 30 morts de la paroisse lors de la première guerre mondiale. Au sud est la plaque des 3 victimes de la seconde guerre mondiale avec la mention « La paroisse protégée le 26 août 1944 exprime au Sacré Coeur sa gratitude». A cette date, au cours de leur repli, les Allemands prirent des habitants en otages. Le curé parvint à obtenir leur libération.
Statuaire et autre mobilier
Dans la chapelle latérale sont les statues de la Vierge à l’Enfant, de Joseph avec l’Enfant. Dans la nef à gauche, Anne et Marie enfant, à droite Thérèse de l’Enfant Jésus et un grand crucifix. De chaque côté de l’entrée du choeur, à gauche Radegonde, à droite Notre-Dame de Lourdes.Dans le petit bras droit du transept le Sacré Coeur. Un confessionnal est conservé à l’entrée, à gauche, sous la tribune. Le chemin de croix est fait de bas-reliefs monochromes. Les fonts baptismaux sont dans la chapelle de la Vierge. Leur cuve a la forme d’un octogone. Depuis l’Antiquité, l’octogone est souvent la forme des cuves baptismales : le 8 est en effet le chiffre du renouveau. La Création a demandé six jours, suivis du sabbat ; le Christ, le lendemain d’un jour de sabbat, transfigure la Création par sa Résurrection. Une église où du 4e au 12e siècle, puis au 15e, au 18e, au 19e, au 20e et encore au 21e siècle « Sa louange demeure de siècle en siècle», Psaume 111 ,10 (110).
© PARVIS- 2015 – Réalisation : atelier HISTOIRE ET FOI – Centre théologique de Poitiers
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