Le manoir du Plessis

Le manoir du Plessis, dit le « château » (18e et 19e s.)

Au haut moyen-âge Le Plessis d’Anché appartient aux seigneurs d’Anché qui comptent le poète Pierre d’Anché parmi les leurs ainsi que Claude du Bellay du Plessis d’Anché dont la famille en hérite par alliance au 16e s. Ce dernier fut un des premiers huguenots à fuir la France plusieurs années avant la révocation de l’Edit de Nantes, fermant ainsi le lien entre la famille des d’Anché et leur lieu d’origine; il est décédé à Berlin en 1694.


Il y aurait eu deux maisons au Plessis, la première médiévale et aujourd’hui disparue, située face à l’emplacement actuel d’une ancienne ferme, la seconde datant des 18e et 19e s. et qui appartient aujourd’hui à M. POTOT. Suite au départ des d’Anché, la première propriété passe à la famille Chasteigners la Rocheposay dont César Châteigner († 1617) et sa parente Radegonde Pélisson († 1703) qui sont enterrés sous une pierre tombale sculptée dans l’église Saint-Martin d’Anché. Le Plessis reste dans la famille Chasteigner-Lecocq jusqu’au début du 19e s. De là la propriété passe à la famille Lecointre et la ferme fut habitée par la famille ZANOR avant de devenir une résidence secondaire dans les années 1980 (famille Lecointre-Sudre).


Le deuxième château dit du Plessis fut acheté par Ernest VENAULT de BOURLEUF en 1896 et devint aussi ensuite propriété de la famille Lecointre ; la ferme fut habitée par la famille TRICAUD dans les années 1930-1940. Il comporte un grand parc aux essences diverses, des bâtiments extérieurs dont une grande grange et une belle résidence (18e et 19e s.) en deux parties distinctes mais qui forment aujourd’hui une seule maison grâce à des ouvertures percées à l’intérieur. Les arbres sont aussi beaux que divers et rappellent d’autres spécimens qui ont été plantés à Anché au même moment : des séquoias, cèdres et douglas ; des pins normand et parasol ainsi qu’un cormier. Un tunnel existerait sous le parc en direction transversale vers l’actuel château d’Anché, à proximité, et son magnifique pigeonnier dans le bas du Raclos. Devant la propriété, à côté d’une ancienne mare, se trouve l’ancien plateau communal d’éducation physique qui servait de terrain de football à la commune d’Anché dans les années 1930 et dans la cour une très grande grange restaurée qui servait à des représentations théâtrales et à des projections de films avant la construction en 1945, par le père FOURRIER de la salle paroissiale devenue l’actuelle salle des fêtes, face à la place Odile Bibaud.

Le Plessis fut vendu dans les années 1960 à M. Breuil qui consolida le gros oeuvre et dans les années 1980 il fut question de plusieurs projets dont la création d’un golf ; M. Potot en fit l’acquisition en 2000.

L’auteur Charles Perrault (1628-1703), dont la famille était d’origine tourangelle (voir Bulletin municipal 48, 2e sem 2008), auteur du Petit chaperon rouge entre autres contes, qui avait de la famille à Boiscoursier entre Vivonne et Champagné-Saint-Hilaire, lieu dont dépendait le fief d’Anché au haut moyen-âge, a-t-il comme le prétend la légende composé le célèbre conte en se rendant à cheval au Plessis d’Anché par la voie communale de Marnay à Anché ? Le chemin existe toujours et il passe dans le bois des Coussières entre Le Plessis et le Champ-de-le-Dame. Cela fait rêver…

Nous remercions le propriétaire M. Bertrand POTOT de nous avoir fait visiter le parc et la grande maison qu’on aperçoit sur la gauche en sortant d’Anché sur la route de Gençay, ainsi que M. François-Xavier VENAULT de BOURLEUF pour le précieux mémoire sur l’histoire des châteaux d’Anché dont un exemplaire est disponible en mairie.

L’autre château du Plessis

Au lieu-dit Le Plessis (du Latin plessiacus d’une technique traditionnelle de taille de haies vives, le plessage, dont parle César dans la Guerre des Gaules) se trouvait autrefois un autre château aujourd’hui disparu mais dont se souviennent les Anchéens. Il s’agissait d’un édifice d’origine très ancienne qui n’était déjà plus à usage d’habitation avant la guerre de 1939. Une cave voûtée et d’énormes poutres voisinaient avec un bâtiment de deux étages et combles, aux cheminées de marbre, qui avait été habité à la fin du 19e et au début du 20e siècle par deux nobles demoiselles. Aucune ouverture ne donnait sur le chemin ni la ferme du Plessis car toutes les fenêtres donnaient à l’ouest sur la jolie vallée du Rivaux. Un bel escalier desservait les étages mais l’ensemble était vétuste dès les années 1930. Cette demeure aurait été habitée par Raoul de LAONNOY, décédé à Poitiers en 1915, et qui repose au cimetière d’Anché. Conseiller municipal, il était probablement célibataire et l’éloge funèbre fut prononcé en décembre 1915 par le maire devant le Conseil municipal car il était encore en fontion au moment de trépasser. Le logis fut abattu dans les années 1980 et la belle cave est certainement comblée. Une des deux fermes du Plessis a été également démolie à cette époque.


A l’ouest du Plessis se trouve le lieu-dit l’Estoc (d’« estoc », un terme ancien désignant un coup porté respectivement par la pointe et par le tranchant de l’arme.) «Estoc» est également le nom d’une arme blanche destinée uniquement à frapper ‘d’estoc’, avec sa pointe. Cette épée était sans tranchant afin de la renforcer. Elle servit contre les armures autrement insensibles à toute forme d’épée. Selon la légende orale de nombreux guerriers furent enterrés à l’Estoc d’Anché dans des temps anciens car tués lors d’une grande bataille, éventuellement celle entre Clovis et Alaric autour du Camp de Sichard.


Les maisons du Plessis appartenaient à la famille Thibaudeau (qui possède sa rue à Poitiers), gros propriétaires du lieu : le château d’Anché, la demeure du Couyou, le moulin de la Planche et plusieurs fermes englobant de nombreuses terres. Les familles de Bourleuf et Lecointre leur succédèrent.
Les fermes du Plessis ont été occupées par plusieurs familles anchéennes : les PAILLAT, TRICAUD, BEGUIER mais la maison disparue était souvent vide au 20e siècle, bien qu’occupée parfois par les amis et alliés des propriétaires.
Des gens du bourg y travaillaient, comme c’était l’usage à l’époque.
Le château du Plessis fut réquisitionné et occupé par l’Occupant pendant la guerre de 1940-1945 et a pu être utilisé ensuite pour loger des réfugiés venus de Nancy.

Nous sommes reconnaissant à Mmes ZANOR et THIBAULT d’avoir réuni ces éléments intéressants.

[PG]